L’introduction est une compilation de passages de la vidĂ©o pour faire apparaĂ®tre les difficultĂ©s que je vais Ă©voquer. Le tout avec une musique d’ascenseur (ou de vieux jeu vidĂ©o des annĂ©es 90).
Pour moi ça a toujours Ă©tĂ© un sujet. Ca a toujours Ă©tĂ© compliquĂ©. – cut – Je vais faire tout plein de choses, je vais m’agiter, je vais ĂŞtre anxieuse ou je vais vouloir juste penser Ă mille et unes choses. Et Ă un moment donner je vais carrĂ©ment ĂŞtre Ă©puisĂ©e. En fait j’aurai utilisĂ© toute les ressources possibles de mon corps pour pouvoir me maintenir en Ă©veil le soir jusqu’Ă ce qu’il soit, par exemple, 5h. Comment on fait ?
Qu’est-ce que l’insomnie ?
L’insomnie fait partie des troubles du sommeil et elle est l’une des trois catĂ©gories de ces troubles. Comme je l’ai dis il y a l’insomnie qui est soit transitoire soit chronique. Il y a ensuite les hypersomnies qui peuvent aller de la somnolence jusqu’Ă la narcolepsie. Et enfin il y a les parasomnies qui peuvent ĂŞtre le somnambulisme, le bruxisme, l’apnĂ©e du sommeil ou encore les terreurs nocturnes.
Les bonnes questions Ă se poser
Pour savoir si on souffre d’insomnie on va se poser quand même quelques questions :
– Quelles sont les difficultĂ©s qu’on traverse ? Avez-vous des difficultĂ©s d’endormissement, des rĂ©veils nocturnes ou prĂ©coces ?
– Depuis quand ces difficultĂ©s durent-elles et Ă quelle frĂ©quence ?
– Y’a-t-il un impact sur la journĂ©e comme de la somnolence, un trouble de l’attention ou de la concentration, de l’irritabilitĂ© ?
– Quel est votre rythme de vie et de travail, vos habitudes de sommeil ?
– ĂŠtes-vous sous mĂ©dication ?
– S’est-il passĂ© quelque chose rĂ©cemment dans votre vie ?
– Avez-vous tentĂ© des choses pour enrayer ce problème ?
Dès lors que le sommeil est un sujet il est important de se demander si cela provoque des souffrances et consulter son médecin si c’est le cas.
Pour vous aider, un questionnaire est mis à disposition par le Réseau Morphée.
Comment se caractérise l’insomnie chez moi ?
Chez moi l’insomnie se caractĂ©rise par des difficultĂ©s d’endormissement qui peuvent durer d’une heure Ă cing heures (5h Ă©tant vraiment le cas le plus grave et le plus rare, et une heure Ă©tant le cas le plus “normal”) ainsi que des rĂ©veils nocturnes. Je dois en avoir 1 Ă 3 fois par nuit. Les rĂ©veils nocturnes c’est tout simplement se rĂ©veiller en pleine nuit avec ou sans raison : ça peut ĂŞtre par des bruits extĂ©rieurs, par une gĂŞne (avoir chaud ou froid, avoir soif, avoir envie d’uriner). Parfois mĂŞme sans raison. Parfois je me rĂ©veille, pas de raison particulière… juste je me rĂ©veille, voilĂ , pour le fun.
ForcĂ©ment ça va impacter le lendemain matin. De manière gĂ©nĂ©rale, depuis que je suis petite, j’ai des difficultĂ©s d’endormissement. Quand je commence Ă ĂŞtre fatiguĂ©e le matin je sais qu’il va s’agir vraiment d’un dĂ©but d’une pĂ©riode d’insomnie. LĂ pour le coup l’impact en journĂ©e je le vois tout de suite : le matin je me rĂ©veille et me dis “oh la la j’ai pas dormi c’est pas possible, j’ai besoin de dormir”. J’ai l’impression que je vais commencer ma nuit au moment oĂą je me rĂ©veille le matin. Ensuite ça va ĂŞtre des somnolences en journĂ©e : je vais piquer du nez, je vais pas ĂŞtre attentive, je vais me fatiguer très vite sur des tâches qui demandent une concentration normale. Je vais pas ĂŞtre attentive parfois mĂŞme aux conversations. Je vais avoir des oublis, factilement faire tomber les choses par terre, enfin voilĂ , lâcher les objets ou me cogner, ou ce genre de choses. Chez moi l’impact en journĂ©e il est très visible.
Et alors je prĂ©fère tout de suite donner le contexte de ma personne vis-Ă -vis de ces troubles du sommeil. Chez moi j’ai un rĂ©el terrain neurologique et psychologique favorisant mes troubles du sommeil. Premièrement je suis autiste donc de facto j’ai des hypersensibilitĂ©s, j’ai une rigiditĂ© au changement, j’ai un besoin de ritualiser et j’ai de la dysfonction Ă©xecutive. Donc dĂ©jĂ en tant qu’autiste il y a une prĂ©valence pour les troubles du sommeil, et cette prĂ©valence elle est significative. C’est une des comorboditĂ©s de l’autisme. Mais en plus de ça j’ai un terrain psychologique, ce qui signifie que de par mes diagnostics de troubles anxieux et de stress post-traumatique je vais avoir des difficultĂ©s liĂ©es Ă l’anxiĂ©tĂ© qui peuvent rĂ©ellement influer sur le sommeil. Quand on est anxieux on est sujet Ă la rumination, et quoi de mieux quand on est seul ? Quand on est seul c’est le soir dans son lit, sans distraction, juste toi, le noir, ta couette et ton cerveau. Il peut y avoir donc les ruminations, mais aussi de l’angoisse qui peut ĂŞtre reliĂ©e Ă l’anxiĂ©tĂ©. C’est-Ă -dire que des pensĂ©e deviennent tout d’un coup envahissantes et inquiĂ©tantes, voire terrifiantes. Et il peut y avoir aussi l’angoisse liĂ©e aux PTSD. Il suffit qu’une rĂ©miniscence traumatique apparaisse et Ă ce moment-lĂ je peux ĂŞtre prise d’une frayeur telle que je vais ĂŞtre en incapacitĂ© de gĂ©rer mes Ă©motions. Et je vais juste me laisser porter par des flots d’inquiĂ©tude, d’angoisse et forcĂ©ment tout ça, ça va gĂŞner l’endormissement.
C’est pour ça que je prĂ©fère parler du terrain psychologique et neurologique avant toutes choses parce qu’il y a une prĂ©valence. Dès lors qu’on a un terrain Ă ce type de comorbiditĂ©s il est important d’en avoir conscience quand on a un TSA, quand on est anxieux (en plus dans mon cas j’ai eu une pĂ©riode de dĂ©pression dont justement les troubles du sommeil font partie des symptĂ´mes) on voit qu’il y a forcĂ©ment chez moi un terrain favorable aux troubles du sommeil.
Et justement l’insomnie ce n’est pas quelque chose chez moi qui apparaĂ®t de nullepart. Elle apparaĂ®t par pĂ©riodes. Ca peut durer de quelques semaines Ă plusieurs mois. Ca peut ĂŞtre aigĂĽ comme ça peut ĂŞtre assez lĂ©ger et donc assez vivable au quotidien avec des petits amĂ©nagements tous simples (qui pourraient d’ailleurs faire l’objet d’une vidĂ©o parce que ce seraient des petites astuces qui pourraient parler Ă tout le monde). Et donc j’aimerais vraiment parler de terrain neurologique et psychologique parce que justement si un jour un Ă©vènement va favoriser l’anxiĂ©tĂ©, alors je dois m’attendre que les troubles du sommeil apparaissent si un jour mon autisme est accentuĂ© (par exemple dĂ» Ă une affection ou un problème de santĂ© particulier, passager ou pas, ou des douleurs chroniques) tout ça ça peut favoriser l’insomnie.
Donc c’est pour ça que je prĂ©fère parler de l’insomnie comme un symptĂ´me supplĂ©mentaire d’un problème qui est entrĂ© en collision avec mon terrain neurologique ou psychologique. Et c’est pour ça que d’ailleurs quand je subis une insomnie je me questionne tout de suite sur les facteurs qui ont pu la dĂ©clencher. Parce que pour le coup je sais que mon insomnie, en gĂ©nĂ©ral elle est je pense toujours liĂ©e Ă quelque chose qui est venu se fertiliser dans mon terrain neurologique ou psychologique.
Et donc qui dit terrain favorisant les troubles du sommeil, dit difficultĂ©s depuis l’enfance. Et pour le coup ça a toujours Ă©tĂ© un sujet chez moi, ça a toujours Ă©tĂ© compliquĂ©. MĂŞme mes parents c’Ă©taient les premiers Ă observer effectivement des attitudes d’agitation, de crainte, voire de crise, qui rendaient le moment du sommeil très complexe avec moi. J’Ă©tais celle qui, Ă 19h-20h, courrait partout dans la maison, avait envie de faire mille choses, avait envie de parler, parler, parler. Le soir avec ma mère je parlais, je racontais ma vie, et puis je me mettais Ă philosopher sur ma vie. Ca ne s’arrĂŞtait pas et je n’arrivais pas Ă trouver de phase qui permette justement de passer de cet Ă©tat de veille, d’activitĂ© cĂ©rĂ©brale, Ă cet Ă©tat de sommeil oĂą on va tout mettre en pause et on va s’endormir. Après bon c’est un peu l’histoire de l’oeuf ou la poule parce que je ne sais jamais si ces ruminations et agitations qui font que je n’arrive pas Ă m’endormir ou si c’est un manque de sĂ©crĂ©tion de mĂ©latonine qui fait que forcĂ©ment mon cerveau est toujours actif alors qu’il devrait se mettre en phase de sommeil. Chez moi c’est vraiment cette difficultĂ© lĂ que je traverse. J’ai l’impression qu’Ă aucun moment mon corps ne dĂ©cide de se mettre en pause. J’ai l’impression que c’est biologique. Mon corps ne se met pas en pause de lui mĂŞme, quand bien mĂŞme je lui donne toutes les opportunitĂ©s pour l’ĂŞtre. Et le problème c’est qu’il se met en pause quand il est Ă©puisĂ©, c’est-Ă -dire en journĂ©e. Comme c’est quelque chose que j’expĂ©rimente depuis l’enfance, et que j’ai encore expĂ©rimentĂ© il y a de ça un ou deux mois pendant une pĂ©riode de trois mois, je me suis dis qu’il Ă©tait peut-ĂŞtre important de partager mon expĂ©rience parce que je n’en aurais sans doute jamais terminĂ© avec l’insomnie. Par contre quand elle arrive j’arrive de mieux en mieux Ă trouver des façons, je dirais pas des solutions parce que ça ne solutionne pas le problème, j’arrive Ă trouver un moyen de plus ou moins m’en dĂ©gager ou Ă rendre ça plus vivable.
Suis-je insomniaque ?
Je voulais maintenant parler de ma rĂ©alitĂ© en tant qu’insomniaque parce que pendant longtemps je ne me pensais pas insomniaque. J’ai toujours entendu des tĂ©moignages qui disaient que l’insomnie c’Ă©tait faire des nuits blanches, ne pas fermer l’oeil de la nuit, ‘fin vous voyez ces expressions ? Moi je les prenais vraiment pour argent comptant. Je prenais les expressions premier degrĂ©. Quand le gars il disait “j’ai fais une nuit blanche” ça veut dire que toute sa nuit il a pas dormi et le lendemain il mène sa journĂ©e. Je sais aussi que dans ces tĂ©moignages j’entendais très souvent des personnes dire qu’elles n’avaient pas besoin de beaucoup de sommeil, et elles disaient : “Moi je suis insomniaque, je suis un oiseau de la nuit parce que j’ai pas besoin de dormir plus. J’arriverai pas Ă dormir davantage. Et puis après bah je mène ma journĂ©e sans difficultĂ©.” Quand j’entendais tout ça je me disais “mais d’accord ça a l’air quand mĂŞme vachement inquiĂ©tant, c’est-Ă -dire qu’ĂŞtre insomniaque c’est perdre la possibilitĂ© de s’endormir le soir”. BĂŞtement je me disais “bon bah du coup chui pas insomniaque !” : j’ai du mal Ă m’endormir, je suis fatiguĂ©e le lendemain matin, j’ai des somnolences toute la journĂ©e, ça doit pas ĂŞtre ça puisque l’insomnie c’est censĂ© ĂŞtre faire des nuits blanches. J’Ă©tais persuadĂ©e qu’ĂŞtre insomniaque c’Ă©tait ĂŞtre fatiguĂ© mais ne pas pouvoir s’endormir. Or moi je ne ressentais pas la fatigue et j’avais des difficultĂ©s Ă m’endormir, mais au final je dormais. Et ça je l’ai compris que très rĂ©cemment qu’en fait ne pas ressentir la fatigue ça peut justement participer de l’insomnie. Si tu n’as pas conscience que t’es fatiguĂ©, par exemple prenons quelqu’un qui regarde sa sĂ©rie prĂ©fĂ©rĂ©e jusqu’Ă minuit, une heure du matin. Il a pas conscience qu’il est fatiguĂ© puisqu’il est maintenu par son Ă©cran. Du coup moi, avec ou sans Ă©cran, avec une lecture d’un livre, de la musique, etc. Je ne ressentais pas la fatigue. Je pouvais lire jusqu’Ă pas d’heure alors que j’Ă©tais fatiguĂ©e puisque j’avais Ă©tĂ© fatiguĂ©e toute la journĂ©e. Pourtant je n’arrivais vraiment pas Ă aller me coucher, je n’arrivais pas Ă passer ce stade. Aujourd’hui je pense aussi que je n’arrive pas Ă me rendre compte de ma fatigue parce que je suis autiste. Dans l’autisme on a ce qu’on appelle les hypo et hypersensibilitĂ©s. Il y a notamment une vidĂ©o de H paradoxae qui a fait une vidĂ©o sur ce sujet. Mais je pourrais tout Ă fait aussi en parler pour expliquer un petit peu de quoi il en ressort de mon cĂ´tĂ©. Ce que je sais c’est qu’au moment du couchĂ© mes hyper et hyposensibilitĂ© jouent un rĂ´le. Mes hypersensibilitĂ©s ça va ĂŞtre facile : le bruit, les sensations de chaleur, de froid, de soif. Je vais avoir une sensibilitĂ© plus importante qui fait que s’il y a un peu de bruit ou de lumière je vais pas le supporter. Je vais avoir du mal Ă me dĂ©tacher de ce stimuli sensoriel. Par contre il y a aussi les hyposensibilitĂ©s et ça on s’en rend très rarement compte : j’ai du mal Ă savoir quand j’ai faim, soif ou que je suis fatiguĂ©e. Et je sais pas que je suis fatiguĂ©e je vais pas aller me coucher. C’est pour ça qu’il faut instaurer des routines. Si je ne suis pas dans ma routine du coucher, je ne vais jamais conscientiser que je suis fatiguĂ©e et peux rester comme ça longtemps sans aller me coucher. Je voudrais aussi vous exposer mon ressenti vis-Ă -vis de l’insomnie parce que lĂ je la dĂ©finie de façon assez clinique mais j’aimerais entrer un peu plus en dĂ©tail sur les Ă©motions que peut provoquer une insomnie sur du long terme. L’insomnie je l’ai pas vue tout de suite. Comme j’ai des difficultĂ©s d’endormissement de manière gĂ©nĂ©rale je sais que je mets du temps Ă m’endormir. Si je mets 30 minutes Ă 1 heure et que je commence Ă faire ça tous les soirs je vais pas m’en rendre compte. Quand vient ensuite l’augmentation du temps avant de s’endormir, en passant d’1 Ă 2 heures, et dans les cas les plus graves ça peut passer jusqu’Ă 5 heures sans pouvoir fermer l’oeil de la nuit (pour le coup je suis pas loin de la nuit blanche). Et puis l’Ă©puisement me rattrape très très vite. C’est ça qui se passe dans mon cas avec l’insomnie : je ne ressens pas la fatigue, je ne la perçois pas, je ne la conscientise pas, je vais faire tout plein de choses, je vais m’agiter, ĂŞtre anxieuse, ou je vais vouloir juste penser Ă mille et une choses et Ă un moment donnĂ© je vais carrĂ©ment ĂŞtre Ă©puisĂ©e. J’aurai utilisĂ© toutes les ressources possibles de mon corps pour pouvoir me maintenir en Ă©veil le soir, jusqu’Ă ce qu’il soit par exemple 5 heures et lĂ je me dis “wouah, donc il est 5 heures, tu dois ĂŞtre levĂ©e Ă 8 heurs en ce moment. Comment on fait ?”. Et c’est lĂ oĂą, quand ça commence Ă devenir aussi aigĂĽ que je conscientise et que je me dis “aĂŻe. Pourquoi t’as pas captĂ© avant ? Quand c’Ă©tait genre 3h lĂ y’a pas de problème mais quand c’est 5h lĂ tu captes ?”. Donc voilà ça a toujours Ă©tĂ© ça. Quand j’ai faim c’est quand j’ai très faim que je m’en rends compte, bah quand je suis fatiguĂ©e c’est pareil, sinon faut que quelqu’un me le dise (littĂ©ralement). Je voulais parler vraiment de l’impact que ça peut avoir avec le moral parce qu’en fait, passer trois mois sans arriver Ă avoir une routine de sommeil suffisante, et donc d’avoir un sommeil rĂ©parateur qui permette de tenir une journĂ©e normale, correcte, ça touche très vite le moral. Surtout que ça vient de façon très insidieuse. On s’en rend pas compte au dĂ©but, on a le temps de s’Ă©puiser, et viennent ensuite les jours oĂą on sait très bien qu’on est dans une pĂ©riode d’insomnie et on a l’impression qu’on peut juste rien y faire. Les jours vont se rĂ©pĂ©ter. Et chaque matin le lever va ĂŞtre difficile. On va souffrir, littĂ©ralement. Je souffre le matin quand je suis en plein dans l’insomnie. Et par extension le coucher va ĂŞtre difficile parce qu’on sait que le lendemain matin va ĂŞtre douloureux. Psychologiquement tout peut devenir sujet Ă angoisse comme le coucher. Peut très vite s’apposer à ça de l’anxiĂ©tĂ©. Les symptĂ´mes anxieux vont apparaĂ®tre au moment du coucher. Je peux aussi avoir des pensĂ©es dĂ©pressives : des pensĂ©es de dĂ©prĂ©ciation oĂą je ne peux plus supporter l’idĂ©e que je ne sois pas capable de maintenir une journĂ©e correcte (travailler, les tâches mĂ©nagères, m’occuper de moi, de mon environnement) et d’apprĂ©cier ma journĂ©e. Parce que je suis juste Ă©puisĂ©e. Et je pense que c’est important de faire une parenthèse sur l’impact psychologique de l’insomnie parce qu’on sous-estime l’insomnie mais on sur-estime nos capacitĂ©s Ă gĂ©rer le manque de sommeil. Et vraiment une nuit qui n’a pas Ă©tĂ© rĂ©paratrice, oĂą on s’est endormi Ă 3h du matin et oĂą on a fait deux-trois rĂ©veils (Ă 4h, 6h et trentes minutes avant le rĂ©veil) c’est juste pas possible. La sensation qui reste Ă la fin c’est “je n’ai pas dormi”. Cette sensation lĂ elle est terrible quand il faut mener Ă bien toute une journĂ©e.
Les rĂ©percussions sont Ă la fois psychologiques, mais elles peuvent aussi ĂŞtre physiques. Au-delĂ de l’irritabilitĂ©, de la fatigue, de l’inattention, on peut se mettre en danger, avoir le corps qui ne gère pas cette situation et derrière ça peut ĂŞtre toute une situation sociale qui se retrouve dĂ©stabilisĂ©e Ă cause de ça. Si t’es Ă©puisĂ© (on va utiliser les termes) tu ne vas pas tenir tes 35h. Et je parle pour ceux qui sont en 35h. Je ne suis pas en 35h car je suis en temps-partiel, parce que justement je suis handicapĂ©e. Et rien que ça je n’arrive pas Ă les tenir. Et lĂ je parle dans le cas oĂą tu travailles. Psychologiquement c’est dur de se rendre compte qu’on n’est pas capable de maintenir sa journĂ©e correctement : se faire Ă manger, se laver, sortir aller s’acheter quelque chose, d’aller Ă la pharmacie, faire les courses, de s’occuper du linge, que sais-je, de ranger son appartement. Tout devient fatiguant, impossible. Et ça peut-ĂŞtre très vite comme ça une descente aux enfers. Prenez toute la mesure de ce qu’est le sommeil, de ce que le manque de sommeil peut provoquer.
Quand je suis dans ces pĂ©riodes d’insomnies je me sens impuissante. J’ai pas grand chose sous la main pour m’en sortir. Et quand je dis ça c’est vraiment quand j’essaie tout. Et ces pĂ©riodes d’insomnie c’est quand j’ai tout essayĂ©, toutes ces astuces qu’on peut lire partout, et que rien ne fonctionne. Et que j’en viens forcĂ©ment Ă prendre des mĂ©dicaments.
Les médicaments
Ce que je vais raconter dans cette partie ne concerne que mon expérience par rapport aux différents médicaments utilisés. Mon avis ne substitue en aucun cas celui d’un professionnel et s’il vaut pour moi cela ne signifie pas qu’il vaille pour vous. Ainsi je vous demande à être très vigilant avec les propos qui vont suivre et vous incite fortement à consulter un médecin avant d’envisager des solutions médicamenteuses.
Le Donormyl
Le premier mĂ©dicament que j’ai testĂ© c’est le Donormyl. Quand j’ai commencĂ© Ă avoir des difficultĂ©s rĂ©elles pour dormir, je suis d’abord allĂ©e Ă la pharmacie. “On va expliquer, peut-ĂŞtre que ça peut ça peut se rĂ©soudre assez vite”. Je ne me rendais pas compte de l’importance de ce trouble et je ne savais mĂŞme pas que c’Ă©tait un trouble. J’arrive Ă la pharmacie, j’explique, on me dit : “Bon, vous avez des difficultĂ©s d’endormissement, c’est peut-ĂŞtre une insomnie passagère. VoilĂ le Donormyl”.
Le Donormyl c’est un demi comprimĂ© chaque nuit 15 Ă 30 minutes avant le coucher, sur une durĂ©e maximum de 5 jours. C’est un cousin de l’Atarax. Ce n’est pas un petit mĂ©dicament. C’est pas parce qu’il est sans ordonnance qu’il est sans danger. 5 jours c’est la durĂ©e d’une insomnie passagère. Il y a une accoutumance qui est rĂ©elle et qui se fait très rapidement. J’ai pris mon demi comprimĂ© après ĂŞtre sortie de la pharmacie parce que je savais que j’allais me coucher juste après. Ca fait effet assez vite. Après 15-30 minutes c’Ă©tait pliĂ©, j’ai dormi comme un bĂ©bĂ© toute la nuit, j’Ă©tais super contente. Je me suis dis : “Ca y est, j’ai trouvĂ© la solution, prenons le Donormyl pendant 5 jours”. Au dĂ©but le demi comprimĂ© ça va, tu prends une Ă deux fois et puis en fait tu vas commencer juste Ă t’accoutumer Ă la dose et tu vas vouloir augmenter les doses. Les doses tu peux les augmenter, mais pas plus de 3 comprimĂ©s par prise. Et moi j’en Ă©tais arrivĂ©e Ă 3-4. Là ça peut devenir dangereux. Il n’est pas dĂ©jĂ normal de commencer Ă prendre une surdoses, mais en plus de ça il y a des effets secondaires. ForcĂ©ment quand j’ai arrĂŞtĂ© la prise au bout de 5 jours mon insomnie est revenue dès le lendemain, comme si je n’avais jamais rien pris. Comme si j’avais eu une parenthèse… [Mon chat vient me dĂ©ranger] : Oui mon chat ? Viens, chat. C’est le moment des prĂ©sentations. [Bisou au chat] Vas ici si tu veux. [Le chat monte sur la cheminĂ©e derrière moi] VoilĂ Miha.
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Si votre insomnie persiste au-delà d’une semaine il est recommandé d’aller voir son médecin traitant car les troubles du sommeil ont un réel impact sur la qualité de vie et peuvent être le symptôme d’un problème de santé physique ou psychologique tel que l’anxiété, le surmenage, la dépression, des problèmes thyroïdiens, gastro-intestinaux etc.
L’anxiolytique
Les anxiolytiques sont des médicaments psychotropes utilisés pour les troubles anxieux mais aussi parfois pour les troubles du sommeil.
Ayant été diagnostiquée anxieuse je me suis vu prescrire de l’Alpazolam (ou Xanax pour les intimes) à prendre 2 à 3 fois par jour. L’effet sur le stress et les angoisses étant particulièrement efficace il y avait un grand intérêt à ce que je prenne une dose le soir. Et si le trouble d’anxiété a pour origine l’anxiété cela peut être le traitement approprié.
Dans mon cas l’anxiolytique avait de bons résultats. Le problème c’est que, comme le Donormyl, sa durée de prise est limitée, le maximum étant 12 semaines. Passé ce délai il faut s’attendre à un risque de dépendance et des troubles de mémoire.
Pour en avoir pris pendant 3 ans et demi j’ai subi des effets secondaires comme les troubles de mémoire et de la somnolence en journée et une légère perte de vigilance.
Je tiens à préciser que durant mes hospitalisations l’Alprazolam a été changé pour du Seresta et je ne le supportais pas du tout. Les effets secondaires étaient très incommodants au point de m’empêcher de m’exprimer correctement et à rendre ma vision trouble.
Le somnifère
Durant mon hospitalisation il m’a été prescrit de l’Imovane (ou Zopiclone) pour dormir. Pour le coup c’est la chose la plus efficace mais aussi la plus lourde qu’il m’ait été donné dans le cadre de mes troubles du sommeil. Si l’effet est rapide et m’a permis de dormir de nouveau comme un bébé, il faut bien avoir conscience que le somnifère est un médicament dangereux et si le Zopiclone et le Zolpidem sont moins addictifs, ils n’en reste pas moins que pratiquement tout somnifère est un benzodiazépine à prendre avec précaution et de manière transitoire.
Parmi les effets secondaires on compte la baisse de vigilance (donc l’augmentation de risque d’accident), les troubles de la mémoire et la dépendance.
Et sachez que le principal symptôme de sevrage des somnifères est l’insomnie, ce qui rend l’arrêt du traitement très difficile.
Je vous conseille vivement d’être suivi dans votre prise de somnifère et surtout dans votre sevrage.
La mélatonine
La mĂ©latonine est communĂ©ment appelĂ©e l’hormone du sommeil. Il s’agit de l’hormone centrale de rĂ©gulation des rythmes chronobiologiques en Ă©tant synthĂ©tisĂ©e surtout la nuit Ă partir de la sĂ©rotonine, un neurotransmetteur impliquĂ© dans la gestion des humeurs et est donc associĂ©e Ă l’état de bonheur lorsqu’elle est Ă un taux Ă©quilibrĂ©.
Lors de mon diagnostic d’autisme au CRA il m’a été prescrit de la mélatonine en cachets de 3 mg et si pour les premières nuits c’était magique je suis vite tombée des nues. Les effets se sont peu à peu estompés et je dois consulter de nouveau pour savoir si c’est normal et avoir une dose plus importante ou pas.
Affaire Ă suivre.
En conclusion
Pour conclure je dirai que ce qui compte le plus en temps d’insomnie est la prise de conscience de celle-ci, l’observation des facteurs qui ont pu conduire à celle-ci et la consultation d’un médecin généraliste afin de voir avec lui comment s’en sortir.
Dans mon cas ce qui semble fonctionner pour le moment, hors dépression, c’est la prise d’un somnifère une à deux fois par semaine pour retrouver un rythme et tenter de le maintenir sans médicament. Mais attention je ne dis pas que cette solution qui fonctionne pour moi est celle qui conviendra à votre type d’insomnie. Et je tiens à préciser qu’à côté, je favorise au maximum l’endormissement avec des routines qui permettent d’éviter le plus possible d’ajouter des facteurs supplémentaires. Si ces routines vous intéresse je peux vous proposer une night routine spéciale insomniaque !
J’espère que ces conseils vous aideront dans votre lutte contre l’insomnie, qu’elle soit de passage ou chronique, et vous invite fortement à laisser en commentaire vos questions ou vos astuces efficaces pour dormir.
Passez une bonne journée ou une bonne nuit s’il est déjà l’heure 🙂