Aminata Pouye : refus d’un destin institutionnel #ContreLExclusionDeMeira

Bannière illustrative composée d'une capture de la première vidéo Tik Tok d'Aminata Pouye. J'ai fait en sorte d'arrêter la vidéo lorsqu'elle ne parle pas et est souriante pour mettre en valeur sa force. A côté de cette image une capture de la diffusion de BFM TV à qui a filmé la pancarte de l'école du Pivollet avec en titre "Polémique à Val-de-Reuil : L'académie..." il n'y a pas la suite car j'ai rogné l'image. En sous-titre : "Jean-Mary Le Chanony Inspecteur de l'Éducation nationale sur la circonscription" car il est à ce moment-là interviewé par le média.

Ce qui se passe à l’école du Pivollet de Val-de-Reuil est inadmissible. La police a été mobilisée pour empêcher une mère de déposer sa fille à l’école. Agressivité de la mère ? École en danger ? Non. Racisme et validisme crasses.

Aminata Pouye souhaite offrir un meilleur cadre de vie à ses enfants et décide de s’installer en Province avec sa famille. À son arrivée à Val-de-Reuil Aminata se prend un mois à l’avance pour inscrire sa fille Méïra à l’école du Pivollet. Problème, l’établissement est réticent à l’idée d’accueillir une enfant handicapée. Méïra a pourtant toujours été scolarisée en milieu ordinaire.

Au début il est avancé qu’il n’y a pas d’Accompagnant d’Élève en Situation de Handicap (AESH) de disponible. L’inspecteur dit même à Aminata que pour que sa fille puisse en avoir un, il serait obligé de retirer l’AESH à un autre enfant. En aucun cas ni les enfants, ni les parents ne sont responsables du manque d’AESH. Et aucun enfant handicapé ne devrait être exclu d’une scolarisation en milieu ordinaire sous prétexte d’un manque d’effectif. Nous parlons du droit à l’éducation, priorité nationale.

Ensuite Aminata apprend que sa fille a été inscrite dans une autre école et que ses coordonnées ont été données à un taxi sans son autorisation. Il s’agit en fait d’une décision de placement en ULIS par l’Équipe de Suivi de Scolarisation (ESS) qui a été appliquée sans approbation de la famille. Les ULIS ce sont des Unités Localisées pour l’Inclusion Scolaire. Elles sont destinées à recevoir des enfants handicapés durant leur scolarité en primaire et au collège. C’est une unité entre le milieu ordinaire et l’institution comme les Instituts Médico-Éducatifs (IME). Toutes les écoles n’ont pas ce dispositif. C’est qui explique la réorientation vers une école qui dispose d’ULIS, quand bien même elle se trouverait à une heure de route du domicile de l’enfant. Le placement en ULIS est généralement motivé par les familles qui en font la demande, par dossier, directement à la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH). Les parents sont en droit de refuser la décision. Aminata refuse donc cette décision et lors de l’entretien avec l’ESS le ton monte sur ce désaccord. Elle va maintenir son refus et décider de partir pour s’occuper de son enfant en bas-âge mais l’inspecteur la menace de lui faire un signalement si elle quitte la pièce.

Nous avons une inspection qui joue des leviers institutionnels pour orienter Méïra hors du milieu ordinaire. Exclusion abusive puisqu’elle justifie ses actions par le handicap de Méïra, alors qu’elle devrait le prendre en charge comme l’exige la loi. C’est à partir de ce refus d’Aminata et sa colère face à ces manœuvres qui ne tiennent pas compte des droits de sa fille à une scolarisation en milieu ordinaire que l’école va pouvoir broder son récit raciste d’une mère agressive qui met en danger l’équipe pédagogique. Ce conflit provoqué par l’établissement passe totalement sous silence, voire alimente, les violences vécues par Méïra de la part d’autres enfants qui la battent quotidiennement. Elle se plaint à la directrice mais ne sera pas entendue. Elle finira hospitalisée.

Mais l’équipe pédagogique elle-même va maltraiter Méïra. Tout d’abord en lui imposant une exclusion arbitraire hors de toute légalité et soit-disant pour la protéger. Aminata va donc rappeler le caractère illégal de cette décision et pourra laisser sa fille aller à l’école. Mais l’altercation devant le portail de l’école va perturber Méïra qui ne semble pas avoir été prise en charge ensuite par le personnel de l’établissement puisqu’elle finira par être considérée “trop agitée” pour pouvoir aller à la récréation. Mais ce n’est pas tout. Méïra s’est vue refuser le droit d’accéder à sa classe et a été enfermée seule dans la salle des enseignants avec une AVS. Elle a insisté pour rejoindre ses camarades mais les enseignants ont bloqué et fermé la porte sous prétexte qu’elle avait un comportement dangereux. Méïra tente de se défendre et rappelle qu’elle est bien avec sa classe, qu’elle n’a pas de raison de faire une crise, mais on la force à s’isoler. Cet enchaînement de violences déclenche une crise d’épilepsie à Méïra. Une première dans sa scolarité. L’école contacte le SAMU et précise que Méïra a des “troubles du comportement” sans mentionner ses antécédents médicaux ni l’administration de son traitement. Aminata ne sera pas avertie par l’école qui prétexte ne pas avoir son numéro de téléphone. Méïra est vue par un psychiatre à l’hôpital qui ne décèle aucune violence ni trouble du comportement. L’école elle-même affirme qu’elle n’a enfreint aucune règle.

Aminata décide de confronter la directrice sur cet incident de maltraitance, mais comme elle prévient qu’elle filme on ne souhaite pas lui répondre. Un extrait éloquent de cet échange :

La directrice : Elle est restée en salle des maîtres parce que […] elle n’était pas très bien, vu ce qui s’est passé ce matin.

Aminata : N’est-ce pas ?

La directrice : Par contre, si vous êtes agressive, j’arrête.

Cette rhétorique raciste va se poursuivre jusque dans ce fameux communiqué de Marc-Antoine Jamet, maire de la ville de Val-de-Reuil où il dépeint le portrait de parents qui “prennent à parti, menacent et intimident”, alors même qu’ils seraient à peine installés dans la ville. En plus de cette panique morale autour d’étrangers à la ville qui terroriseraient toute un établissement, monsieur le Maire s’inquiète que l’opposition des parents à un placement en ULIS ne soit le signe d’une maltraitance. Comme si l’exclusion par l’internement en institution était une bonne chose pour les enfants handicapé‧es alors qu’il s’agit de structures ségrégatives dénoncées par l’ONU.

Je vous invite à lire ce thread de @lilikorim qui parle de ce sujet.

Nous avons donc aujourd’hui un corps enseignant de l’école de Pivollet qui, après avoir mobilisé la police municipale, sera en grève le 22 mai pour “se protéger de la violence” de parents dont l’enfant handicapée est maltraitée par cette même école et violentée par des élèves. Monsieur le Maire s’indigne d’être accusé de racisme mais il semble incapable de s’indigner des coups et blessures portés à l’encontre d’une fille handicapée de 11 ans qui s’est retrouvée hospitalisée après à peine 15 jours de scolarité.

Partagez le témoignage d’Aminata Pouye et de sa fille Méïra. Tout est disponible sur son compte Tik Tok : https://tiktok.com/@aminatapouye Relayez au maximum. Ce qui se passe est grave.

@aminatapouye

Nous lançons un hashtag sur Twitter en soutien à Méïra et sa famille afin de réagir contre la grève enseignante prévue lundi 22 mai : #ContreLExclusionDeMeira

Xanaria

Militante et vulgarisatrice antipsy et antivalidiste

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